11 d’octubre, 2007

Solitude

I

Je l'entends se lever de mon lit
entre les bruits d'une nuit
qui ne se sera jamais tue.

Je sens ses mains glisser sur sa jupe
entre ses cuisses d'acier et
après, le départ des talons
de ses chaussures d'oubli:
je sais qu'elles viendront sans jamais être
retournées.

Et ça n'a aucune importance où elle ira
bien que, sans doute, je le sache:
de lit en lit
comme un papillon de fleur en fleur ou
une épée de poitrine en poitrine.

Je la sentirai plus tard arriver
quand le soleil aura gagné le bras à la lune et
je regarderai comment elle se déshabille et
comment elle se décoiffe
en appuyant sa tête fatiguée sur mon oréiller.

Et
je ne dirai rien et
je simulerai un soupir.


II

Il y a des perles dans l'escalier en colimançon
jétées éparses et
à côté d'elles
pas très loin
traîne le collier
abimé.

Il y a des roses qui n'ont pas encore perdu
leur puanteur disperse
en renonçant à être un bouquet
à moitié coupées au milieu
comme un citron
pour faire une citronade.

Il y a des assiettes entassées
en morceaux
qui couvrent au-dessous d'eux
une photo
qui avant parlait et
qui maintenant s'est tue.

Il y a du silence et
rien d'autre.

Il y a ce que je sais qu'il y a eu et
qui déjà
apparemment
n'est plus


III

Aujourd'hui il a plu.
Il a commencé par une simple goutte
qui a mouillé la terre
que je voyais de mon coin.

La voir ainsi m'a blessé.
J'ai senti une piqûre
je ne sais pas où
au fond de moi.

Après, il a continué une deuxième goutte mouillée et
celle-là m'a aussi blessé.
Mais j'ai su d'où
venait la douleur.

Pourtant avant que je puisse la soigner
une troisième goutte est tombée.

J'ai levé mon regard fatigué et
j'ai regardé le ciel en suppliant
clémence.

Mais lui
apparemment
ne m'a pas écouté et
en échange
il m'a envoyé de la pluie mouillée et
ma douleur s'est accrue
à l'infini.

Aujourd'hui il a plu et ça m'a fait du mal.
Je sens mon corps meurtri et
mon âme s'est dissipée
ensemble avec mon espoir.

Aujourd'hui il a plu.
Demain
on dit
qu'il pleuvra
et
probablement
il y aura même une tempête.

Vivre comme ça ne vaut pas la peine.


IV

Dans la solitude de ma lune en train de faire nuit
seulement les moustiques bourdonnent près de moi
seulement les chants faux des grillons
ont pitié de moi.

Seulement le muet rugissement des voitures
partage mon sec désespoir
quand le vent perçant frôle mon corps nu.

Oui, la nuit tombe.
Mais avec elle, il ne part pas mon malheur et
dans la solitude de ma lune perdue
grandit et
se nourrit mon abandon.